Mauvais perdant ?

Harassante: voilà le mot parfait pour décrire ce genre de journée. Du matin jusqu'au crépuscule la chaleur avait culminé au point le plus haut qu'il n'ait jamais atteint de toutes l'histoire du Pays des Merveilles. Tout le royaume était devenu une véritable fournaise,où la moindre action que l'on se devait d'accomplir devenait une besogne irritante,quasi insoutenable. Pour les plus fainéants,même, porter un verre jusqu'à sa bouche était devenu éreintant.
En parlant de boisson,il y en avait une qui se serait damnée rien que pour un verre d'eau accompagné de quelques glaçons. En effet Sakurako, à la différence, de tous les bon à rien qui ne daignaient bouger le petit doigt, avait travaillé d'arrache-pied toute la journée. Son patron n'avait pas été tendre aujourd'hui:il avait refusé de lui accordé un temps de repos malgré cette chaleur étouffante. La jeune fille était donc parti d'un air renfrogné livrer ses colis à travers toute la contrée pendant que son employeur était assis à l'ombre un cornet de glace à la fraise à la main.
Le monde était vraiment injuste. Toute la journée à cavaler, à donner des paquets plus lourd les uns que les autres, à des inconnus qui ne la regardaient pas, qui ne la remerciaient pas,tandis que son supérieur ingrat faisait la sieste paisiblement. Il gagnait l'argent,elle trimait. Mais la journée était bientôt finie et la demoiselle venait de livrer son dernier paquet.

Elle trottinait sur le chemin du retour en sifflotant gaiment,contente que son calvaire ait prit fin. Elle ne savait pas ce qu'elle allait encore faire, mais elle voulait absolument se reposer, se détendre dans un petit coin frais où elle pourrait tranquillement se délecter d'un jus de fruit .
Ses prières furent apparemment perçues. C'est ce que l'on devait appeler populairement: la Providence. Devant elle se tenait une petite taverne, qui de l'extérieur ne payait pas de mine. Une façade en bois, une pancarte qui pendait piteusement,un toit qui mériterait quelques petites réparations. Malgré cela la jeune fille eut un sourire au coin, enfin c'était à son tour de profiter de cette journée. Dès qu'elle poussa la porte d'entrée,une odeur âcre d'alcool,de poussière et de tabac vinrent agresser ses sens olfactifs. Peu importe,maintenant qu'elle était là, elle ferais juste abstraction de cette émanation désagréable. La demoiselle s'assit au bar et commanda son jus d'orange glacé. A vrai dire,elle n'aimait pas vraiment l'alcool, enfin si,mais elle ne le tenait pas alors elle préféra s'abstenir. A la première gorgée de saké, elle serait déjà tombée raide morte sous la table. Non, il valait mieux rester lucide. Une fois sa boisson servie,elle bu tout d'une traite sans respirer et finit par un grand soupir de soulagement. Peut-être allait-elle en demander un autre? Mais pour l'instant son regard était plutôt attirée par une table de joueur. Il y avait quatre hommes assis à une même table, à quoi pouvait-il bien jouer ? Sakurako se leva de son siège et s'approcha un peu plus près. La jeune fille connaissait très bien ce jeu. Vous savez celui où l'on cache une bille sous un des trois gobelets présent sur la table. La demoiselle appréciait beaucoup ce jeux et gagnait à chaque fois. Par contre les hommes assis à la table semblait dépités et quittait à un la table de jeux un à un. Une fois la table vide elle s'approcha de l'homme au gobelet avec un petit sourire et une pièce à la main:

« Je peux essayer ? »

L'homme regarda Sakurako ,l'air satisfait:

« Bien entendu petite, tout le monde a sa chance »

Intérieurement il se disait: « encore un pigeon parfait ». Mais il ne savait pas sur qui il avait à faire,car en plus d'avoir un don d'observation accru elle avait une chance phénoménale au jeu. Si bien que l'homme au bout de quelque tour commença à se faire plumer. Il commençait à perdre patiente, bougeant les verres avec autant de dextérité qu'il pouvait. Le dernier coup fut fatal,non pas pour la jeune fille mais pour lui. Le mauvais perdant commença à hurler en pointant son doigt menaçant sur la fille:

« Sale petite tricheuse! Tu va voir ce que j'en fait des voleurs.... »

Sakurako ne se démontait pas et le jaugea du regard:

« C'est pas vrai! C'est vous qui savez pas jouer. C'est pas de ma faute tout de même si vous avez honte de perdre contre une fille et que vous êtes un incapable! »

La demoiselle lui tira ensuite la langue comme pour se moquer de lui. Ce fut le geste de trop et l'homme bondit furieusement de sa chaise. Bizarrement,assit il ne paraissait pas aussi grand... pas aussi musclé également. Encore une illusion d'optique dont elle se serait bien passé. L'homme semblait terriblement colérique à la limite de l'hystérie. Il balança les gobelet et la table qui va avec. Tous le vacarme ambiant cessa, les yeux des clients été rivés sur les deux joueurs.

« Oh,oh...c'est pas bon ça. »pensa la jeune fille.

Encore et toujours des problèmes...décidément elle n'avait pas de chance. Elle scruta nerveusement les alentours. Il n'y avait donc personne pour aider une jeune fille en détresse...

Mauvaise journée…très mauvaise journée…quand on la passe à ne rien faire, sous cette chaleur suffocante, et un porte-monnaie plus vide que le cerveau d’une moule pas fraîche bonne à jeter en patures à des animaux fous et affamés. Une bien jolie vision ! Maya se passa la main sur son visage et dégagea quelques mèches de ses cheveux collant, trempés par sa propre sueur. Comment en était-elle arrivée à penser à ça ? La chaleur sans doute…oui, ça ne pouvait être que cette simple explication !

Dans cette taverne crasseuse, enfûmée et emplit de types mal-famé et aux regards de beaux-parleurs, Maya la hunter achevait de passer sa fin d’après-midi en compagnie d’un verre de lait tiède munit d’une paille tricolore. Cela faisait depuis un léger moment que les affaires ne tournaient pas rond. Les gens n’avaient pas eu besoin de louer ses services et la hunter savait que son commerce ne dépendait que des désirs de vengeance de quelques pauvres bougres malheureux. Pourquoi les gens étaient-ils devenus plus réfléchis et moins émotionnels qu’il y a quelques jours ? Il fallait maintenant se contenter d’un verre de lait tiède…de toute façon, elle ne pouvait s’offrir que ce simple luxe !

Dans cette taverne miteuse se réunissait des âmes de toutes les espèces possibles. Si on résumait, il y avait les bons et les méchants : les pigeons et les malins ! De petites marchandises passaient sous les manteaux, des poches étaient allégées de leur contenu et d’autres se faisaient plumer en jouant à des jeux de hasard souvent plus truqués que le couteau suisse de la main droite du diable. Des personnes comme…cette fillette par exemple, bien innocente dans son genre, qui s’était testée à cet espèce de jeu bizarre aux gobelets…Produisant un bruit de succion avec sa paille, l’œil morne et le bras gauche mollement appuyé sur le dossier de sa chaise, Maya se détourna rapidement de ce spectacle affligeant…ou du moins pendant quelques secondes seulement, jusqu’à ce que fusent quelques mots vengeurs appartenant au proprio du jeu.

« Sale petite tricheuse! Tu va voir ce que j'en fait des voleurs.... »

La paille toujours bien callée entre ses dents, Maya pivota de nouveau la tête au moment précis où un OVNI percuta son crâne à toute vitesse. Ça ressemblait à un des verres utilisés pour jeu du hasard, projeté du bras par le proprio en personne. Toujours est-il que la hunter recracha aussitôt son lait par les narines tandis que le reste à l’intérieur du verre, la main secouée par le choc, s’étala délicieusement sur son visage fatigué. De fines gouttelettes blanches gouttaient maintenant doucement de ses mèches de cheveux et de son menton, tandis que de belles auréoles se formaient sur le tissu de son vêtement. Et voilà sa belle boisson massacrée de la façon la plus abominable qui soit !

« Je rêve…se mit-elle à marmonner entre ses dents serrées. Dites-moi que je rêve…Alors lui, j’vais pas le manquer ! »

Sous les yeux amusés et sous les rires tonitruants des autres soudards, Maya se releva prestement pour se diriger à grandes enjambées vers l’auteur de ce crime impardonnable. Celui-ci était déjà en train de menacer de mort la voleuse, une espèce de fillette avec les cheveux blonds bouclés, qui avait l’air plus inquiète que terrifiée. Le joueur leva le poing en signe de menace et s’apprêta déjà à agripper la voleuse par le col de son vêtement. Maya eut juste le temps de lui tapoter l’épaule avant qu’il n’éxécute son geste. Au moment où il se retourna, la hunter lui décocha un super crochet du droit, alors que le proprio s’étallait sur sa table de jeu, la trace du poing encrée sur sa joue droite. Les yeux révulsés de douleur et de colère, il massa sa peau endolori, couché de façon grotesque.

« Hey ! Tu sais que tu viens de me gâcher le reste de ma journée ? Quand on ne sait pas perdre, on ne joue pas ! »

« Espèce de…cracha t-il. Je vais t’apprendre à te mêler de ce qui ne te regarde… »

Bien évidemment, il n’eut pas le temps de se relever ni même d’achever sa phrase. On entendit un tintement métallique très caractéristique dans toute l’assemblée. La seconde d’après, le joueur était pâle comme un mort, une goutte de sueur froide perlant sur sa tempe et le tranchant d’une lame près, tout près de sa nuque.

« La prochaine fois, je ne te manquerais pas ! »

Toute la population s’était tue et un silence pesant avait remplacé les bavardages incessants. Après avoir jeté un regard provocateur aux membres de l’assistance, Maya rengaina son arme et retourna s’asseoir à sa place pour se débarbouiller le visage avec une serviette, sans même avoir regardé cette fillette à qui elle venait probablement de sauver la vie…oui…probablement…fichue journée !

La situation s'était vite envenimée...trop vite même. Comment en été t-ils arrivés là ? Ah,oui un jeu, un simple pari d'argent. Mais quand on parle monnaie,l'Homme devient vite un monstre d'égoïsme, prêts à tout pour s'enrichir.

Le mauvais perdant se faisait de plus menaçant, s'approchant dangereusement de la jeune fille. Il leva soudainement la main,prêt à la frapper. La demoiselle recula fébrilement,les yeux fermés et le bras devant le visage,comme pour se protéger. Réflex stupide et vain. Cela ne la préserverait d'aucune façon quelque qu'elle soit. Ce coup là allait faire mal,extrêmement mal. Sakurako se tenait stoïque toujours dans la même position attendant le choc fatal,qui la mettrait K.O. Mais cette frappe n'arriva jamais. Que se passait-il à la fin? La blondinette ouvrit timidement les yeux, pour observer la scène. Elle aperçu comme un éclair bleu éclatant, décocher, telle une furie, un coup de poing au mauvais joueur,qui se retrouva vite étaler sur la table. Personne n'eut le temps de comprendre quoique ce soit que l'homme se retrouva un couteau sous la gorge. Il ne bougeait pas d'un pouce, apparemment bien trop tétanisé par la peur pour oser riposter. De plus on ne pouvait le nier:l'homme était loin d'être en position de force.

Sakurako,qui c'était mise discrètement à l'écart, regardait la scène les yeux écarquillés. Elle ne quitta pas une seule seconde du regard, la jeune femme qui rangeait sa dague tandis que l'homme parti en courant de la taverne. L'inconnue, retourna à sa place d'un pas à la fois assuré et désappointé. Qui état cette femme absolument fascinante ?

Sakurako ne l'avait jamais vu auparavant,il fallait dire que cette taverne n'était pas un endroit qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Sakurako lui était vraiment reconnaissante et ne se priva pas d'aller à la rencontre de sa sauveuse. Sans même prendre le temps de s'annoncer,elle vint s'assoir en face d'elle, à sa table. Elle resta un moment sans prononcer un seul, se contentant seulement de la dévisager avec un petit sourire. Après cette minute de silence,elle s'adressa à l'inconnue :

« Alors ça c'est vraiment impressionnant...où est-ce que vous avez appris à faire une telle chose? Cet homme était quatre fois plus grand et large que vous et pourtant ça ne vous a pas empêcher de le mettre par terre en un coup! Dites vous croyez que vous pouvez m'apprendre ça? »

Elle resta à la regarder la bouche ouverte avec ses yeux bleus brillants d'admiration. Puis Sakurako repris la parole:

« Au fait je vous ais pas remercier pour ce que vous avez fait. Qui sait ce qui me serait arrivé si vous n'étiez pas intervenu à temps... »

On reprochait souvent à la jeune fille de trop parler et ce n 'était pas étonnant. Parfois même elle ne parlait pour ne rien dire et finissait par agacer les gens. La jeune fille se leva soudainement et fit une petite courbette dans les règle de l'art pour se présenter correctement:

« Enchanté de vous rencontrer, moi c'est Sakurako et vous? »

La blonde releva la tête et adressa un joli sourire à la fille au cheveux bleus. Son regard descendit brièvement sur ses habit et s'arrêta sur le fourreau qui pendait à la ceinture de l'inconnue. Sakurako eu une expression de surprise et murmura

« cette épée... »

Elle laissa sa phrase en suspend pour reprendre avec une intonation beaucoup plus forte

« Non! Me dites pas que vous êtes une hunter? C'est pour ça que vous battez aussi bien! »

La blondinette resta debout béate d'admiration devant la combattante,en attendant que celle-ci daigne seulement lui répondre. Ah... l'aventure encore et toujours, c'est fascinant, excitant, tumultueux. Pour résumer: la conception du bonheur selon Sakurako...

Le lait tiède, sa tâche…et y’a rien de plus horrible que d’en avoir sur les habits, sur le visage…et surtout dans les cheveux ! Quelle horreur ! Sous l’œil de quelques soudards qui étaient en train de commenter la dernière scène avec intérêt, Maya entreprit de se débarbouiller le visage avec une serviette malpropre, débouchant ses voies nasales dont les parois étaient encore recouverte de fluide laiteux. Sensation désagréable ! D’autant plus que, dans le vif de l’action, elle avait égaré sa paille tricolore. Une belle paille trouvée du côté des terres du chapelier fou en personne ! Une paille pour le thé, certainement.

La hunter savait qu’on l’observait, malgré les conversations bruyantes et sans interets qui avaient repris. Mais bon, elle s’en moquait éperdument. Seul comptait son visage souillé de la façon la plus grotesque qui soit. D’un geste agacé, elle écrasa sa serviette sur ses paupières, mâchonnant quelques mots inaudibles comme « Ma paille… » ou encore « Mal au dos… ». Lorsqu’elle retira sa serviette de son visage, ce fut pour contempler une scène de cauchemar ! La fillette blonde, qui s’était attirée le courroux du mauvais joueur, se tenait en face d’elle avec un petit sourire niais. Par toutes les divinités existantes et inexistantes, pensait-elle, qu’es-ce qu’elle lui voulait celle-là, maintenant ? La bouche figée de travers, un sourcil levé et une goutte de lait en équilibre sur son autre sourcil, Maya la dévisagea bizarrement.

« Alors ça c'est vraiment impressionnant...où est-ce que vous avez appris à faire une telle chose? Cet homme était quatre fois plus grand et large que vous et pourtant ça ne vous a pas empêcher de le mettre par terre en un coup! Dites vous croyez que vous pouvez m'apprendre ça? »

Silence pesant…enfin presque, si on ne comptait pas les bras de fer qui se faisaient ça et là, les rires tonitruants qui éclataient chez quelques gens avec un coup dans le nez ou encore cet espèce de lapin blanc qui sortit en courant de la taverne en s’écriant « En retard ! Encore en retard ! Dégagez le passage, je suis en retard, vous entendez ? ». C’était une blague ? Oui, ça ne pouvait qu’être une blague ! Et de quelle droit se permettait-elle de s’installer à sa table sans autorisation ? La hunter entrouvrit la bouche pour lancer une réplique cinglante lorsque la fillette se remit à parloter, comme si de rien n’était, un sourire plus grand encore s’étirant au-dessus de son petit menton.

Voilà qu’elle la remerciait maintenant…de mieux en mieux…Maya leva cette fois un doigt vers la fillette, prête à la faire dégager…mais encore trop tard, celle-ci recommença de plus belle. Et ça n’en finissait pas ! Elle parlait, parlait, parlait…Maya avait quitté le monde des vivants, regardant droit devant elle, n’entendant plus rien, ne voyant qu’une jolie petite fille blonde dont les lèvres s’agitaient tout en ne lâchant aucun mot. Ce qui l’arracha à sa torpeur, ce fut la goute de lait qui se décida enfin à se faufiller jusqu’à ses lèvres. L’habile langue de la hunter l’attrapa en moins d’une milli-seconde avant qu’elle ne cache le fourreau de son épée d’une main, l’extirpant du regard de la fille trop curieuse. Enfin elle se décida enfin à parler, la voix toujours fatiguée à cause de cette maudite et infatigable chaleur.

« Ne crois pas ce que t’as vue, fillette…Un coup de sang…mon verre renversé…bing, splotch ! Je me suis seulement vengée ! Ne vas pas croire que je t’ai volontairement sauvé la mise ! »

C’était un peu brutal comme explication, mais au moins c’était la vérité. Dire la vérité, toujours la vérité, c’était une qualité, n’est-ce pas ? Maya ne fit plus attention à la jeune…sakurako ? Oui, c’était quelque chose de ce genre là….bref, elle ne faisait déjà plus attention à elle, ayant entendu la voix du mauvais joueur quelque part au fond de la taverne. Celui-ci était en train de se plaindre auprés de quelques un de ses camarades de jeux, narrant sa mésaventure préparée à sa sauce et salée avec un soupçon d’insultes après avoir rajouté quelques morceaux de « Si ça n’avait pas été une femme, j’aurais bien… », à servir chaud pour ces quatre messieurs qui étaient en train de l’écouter. D’ici quelques minutes, cette histoire allait réellement dégénérer !

« Par la reine de cœur…on ne peut pas avoir la paix plus de cinq minutes ! Allez, amènes-toi ! »

Dit-elle à cette Sakurako. Après s’être levée, elle lui attrapa brutalement le bras, la forçant à se lever pour la diriger brusquement vers la porte de la taverne. Elle ne s’était même pas présentée…tant pis, les formalités plus tard, si elle ne parvenait pas à y couper !

L'aventure...Sakurako en rêvait tout en gardant les yeux rivés sur la hunter. Elle s'était rassise, les coudes posés en avant sur la table,tout en tenant avec ses frêles mains son visage qui portait une expression d'admiration sans borne. La jeune fille semblait boire avec avidité chacune des paroles de la femme aux cheveux bleus. Elle ne l'avait pas sauvé volontairement? Qu'a cela ne tienne! Sakurako était tout de même ravie d'avoir put faire la connaissance d'une personne aussi exceptionnelle. Elle continuait à plonger dans ses rêveries, suivant le doux tumulte des vagues de son imagination,s'abandonnait, bercée par le flot continu des discussions ambiantes, se laissait joyeusement submerger par sa bonne humeur et sa curiosité. Malheureusement pour la blonde,elle ne connaissait pas encore l'identité de son interlocutrice. Elle allait ouvrir encore une fois la bouche quand cette dernière sauta sur ces jambes pour se relever et agrippa la jeune fille pour la sortir de la taverne. Tiens voilà une bien étrange présentation. Les hunters procédaient-ils toujours de cette façon avec les inconnus? Peu importe Sakurako était heureuse d'avoir un tant soit peu d'intention de la part de l'inconnue,après tout elle aurait bien put partir sans lui adresser la parole.

La blondinette suivait toujours la hunter qui marchait d'un pas rapide et vif. La jeune fille essaya donc de se caler sur son rythme,quitte à courir un petit peu. Tandis qu'elles faisaient route vers la sortie, Sakurako se remit à parler:


« Alors c'est vrai vous êtes une hunter? Waouh... c'est la première fois que je m'adresse directement à un chasseur. C'est vraiment impressionnant! Je paris que vous avez déjà accomplie des centaines...non qu'est-ce que je raconte, des milliers de contrats. Tout cela doit être excitant! »

Mais pour l'instant la seule chose excitée restait la jeune fille,qui semblait avoir le monopole de la parole. Elle faisait de grande enjambée tout en regardant la jeune femme qui semblait un peu énervée.

« Dites vous avez surement déjà eu à faire à des criminels, des voleurs, des bandits,non? J'imagine que vous devez être riche avec toutes ses primes... en plus votre vie doit être trépidante. Toujours sur les routes à combattre... »

Tout en continuant à trottiner,elle imitait grossièrement un combat à l'épée, infligeant des coups d'épée transparente dans l'air à un ennemis inexistant. Après cette démonstration la fillette se mit à rire.

« Alors vous ne m'avez pas répondu...quels genres de contrats? Je suppose que vous avez eu à faire à... »


Arrivé au seuil de la taverne Sakurako se stoppa net et baissa d'un ton pour mieux continuer sa phrase inachevée:

« ...des Yokai dangereux... »


Elle ne regarda même pas la réaction de l'inconnue,et continua de plus belle:


« Non, je suis sûre qu'en faites vous avez rencontré des gens de la noblesse haut placés. Vous savez comme ceux qui organisent des bals dignes des contes de fée. Des fêtes somptueuses où tout le monde s'habille élégamment! »

La blonde se mit à chantonner un air de valse et commença à tournoyer sur le perron de la taverne, faisant mine de valser avec un beau cavalier imaginaire. Décidément son imagination était débordante,la réalité était sans doute toute autre. Mais qui pouvait lui en vouloir de rêver.

Sakurako s'arrêta soudainement de danser gaiment et se tourna vers la hunter à la crinière bleutée.

« Vous ne voulez toujours pas me dire votre nom? Je sais, et si on jouait ? »

La fille sortit sortit de sa poche une petite pièce de monnaie et regarda malicieusement son interlocutrice et lui dit:

« On joue votre identité à pile ou face. Si je gagne vous répondez à toutes mes questions,d'accord ? Alors disons...face je gagne et pile vous perdez... »

Elle fit un clin d'œil malicieux et s'empressa de jeter la pièce dans les air. Sakurako mauvaise joueuse? Si peu...

Sa main droite posée sur le fourreau de son épée, pour l’empêcher de taper contre sa cuisse, et sa main gauche agrippée comme une serre au bras de Sakurako, Maya déambula du mieux qu’elle à l’intérieur de la taverne tout en traînant ce boulet humain derrière elle. C’était plus qu’une simple pipelette, c’était un véritable cauchemar ambulant ! Comment s’extirpa t-elle aussi facilement de l’emprise de sa poigne ? La hunter n’y avait pas fait attention et regretta amèrement sa sottise. Voilà la frêle blondinette en train de reproduire un numéro d’escrime ridicule avant de se mettre à chantonner à tue-tête tout en valsant en la charmante compagnie d’un cavalier invisible.

A l’aide de ses cheveux bleus, la hunter cacha habillement ses joues, empêchant les rigolards de constater que celles-ci étaient plus rouges que les souris qu’on pouvait trouver dans les champs de maïs ! Maya n’avait plus le courage d’en placer, à chaque fois pris de vitesse par la blondinette qui en rajoutait encore un bon morceau. Les seules phrases qui frappèrent ses tympans furent celles qui parlaient d’un soit-disant pari. Un éclat brillant se mit alors à tournoyer à quelques centimètres d’elle…C’était tentant ça…Attrapera ? Attrapera pas ? Et tchoc ! Un geste rapide et voilà le trophée dans la main fermée de la hunter ! C’est ce qui arrive quand on ne fait pas attention à son argent ! Bon, ce n’était qu’une pièce…mais c’était mieux qu’être plus fauchée qu’un de ces épis de maïs !

Bouffée d’air chaud une fois arrivée au dehors…ça ne fait pas du bien, mais au moins ça remet les idées en place. La mine harassée, Maya fit le tour du batîment à la recherche d’un coin d’ombre. Il y avait une sortie discrète de ce côté-là, avec quelques caisses vides. Idéal pour se reposer dans cette atmosphère beaucoup moins enfumée. Un genou sur l’autre, le fourreau maintenant posé sur le sol, la hunter soupira bruillament avant de se rendre compte que la blondinette la regardait d’un air bizarre. Cette folle était allée jusqu’à la suivre ici ! Dans un sens, ce n’était pas étonnant…

« Tu veux quoi ? Ton argent ? Si ce n’était pas moi qui l’avait ramassé, quelqu’un d’autre s’en serré chargé de toute façon ! Tu connais le proverbe trouver c’est donner, acheter c’est…non…trouver c’est voler pour…naaan ! Ah, c’est voler c’est manger et…bref, on ne joue pas avec l’argent ! »

À quoi s’était-elle attendu celle-là ? A une héroïne tout de blanc vêtu ? À une sorte de sur-femme capable d’attraper le lapin blanc en personne ? Foutaise et sottise ! Le précieux bien serré dans sa main, Maya se pencha en avant, les doigts de son autre mimine épongeant son front trempé de sueur. Avec tout ça, elle n’avait pas plus se désaltérer en paix…et cette piécette de rien du tout ne serait pas suffisante pour s’offrir autre chose ! Monde injuste ! En plus, elle était loin d’être une voleuse ! Un sourire malicieux s’étira une fraction de seconde sur son visage alors qu’elle se remémorait les règles du jeu « Face je gagne et pile vous perdez… » Facile ! Ses doigts s’ouvrirent lentement, dévoilant le précieux qui scintillait doucement sous le soleil brûlant. C’était pile. Alors pile c’est…Perdue ? Il y a un truc qui clochait dans ce jeu…mais Maya n’arrivait pas à deviner quoi. Plus agacée que jamais, elle jeta la pièce à terre avant de se redresser, une main sur son genou.

« D’accord, d’accord ! J’ai perdue et je suis une bonne joueuse ! Alors vas-y, poses tes questions ! »

Il n’y a rien de plus iritant qu’une blondinette joueuse, avec des boucles et qui sautillait plus qu’une sauterelle cherchant à éteindre un incendie. Les enfants, c’est pompant…et elle ne parvenait toujours pas à trouver ce qui clochait dans ce jeu étrange.

Et puis, d’où venait cette gamine ? Que faisait-elle dans une taverne pareille, au milieu des hommes et des malotrus ? L’innocence incarnée…et il n’y a rien de plus fragile que l’innocence. Vivement qu’elle soit débarrassée d’elle et qu’elle puisse remplir un peu plus son porte-monnaie desesperement vide.

Une brise brûlante souffla dans leur direction, faisant onduler sa chevelure de mer sur son visage et lui faisant manger ses propres cheveux. A l’intérieur de la taverne, on entendit un bruit de verre brisé, un éclat de rire abjecte, quelques insultes bien senties suivies de bruits sourds. Ça y est, une bagarre avait éclatée à l’intérieur.

« Bon, qu’est-ce tu veux savoir ? »

La pièce volait encore et toujours avec légèreté dans les airs. Mais au moment où Sakurako voulut la rattraper,la femme à la chevelure bleue la devança d'un geste rapide et assuré. La jeune fille suivit du regard la hunter sans dire un seul mot. Où pouvait-elle bien se rendre? Elle marcha silencieusement derrière elle sans se faire et remarquer,attendant de voir où tout cela allait la mener.
Elle la vit s'assoir près de la porte de sortie de l'autre côté de la taverne où étaient entreposés des caisses et des tonneaux plus ou moins vides. Sakurako observait,ses yeux pleins de malices grands ouvert, ses moindres mouvements,un peu comme si sa vie en dépendait. Elle était fascinée par cette femme d'une beauté singulière et à l'allure désinvolte. Elle ne saurait dire pourquoi,mais la blonde sentait que l'inconnue dégageait une force de caractère phénoménale et une prestance incroyable. Elle restait là impassible face à la chasseuse de prime,attendant qu'elle dise une phrase,même un mot lui aurait suffit. Ses souhaits furent combler car la jeune femme entama une assez longue phrase qui finit par se perdre dans les méandres des expressions incomprises.

En l'écoutant, s'emmêler l'esprit avec une tentative d'explication ratée, Sakurako étouffa un léger rire. Décidément la communication n'était pas son fort. Finalement,elle se prêta au jeu enfantin de la demoiselle,sans même avoir compris la manœuvre grotesque de la blondinette,qui était destinée à gagner quoiqu'il arrive. La plupart du temps les gens flaire l'arnaque de suite mais pas elle,à vrai dire la chasseuse semblait même être surprise et dépitée d'avoir ainsi perdu. Mais apparemment,elle était loin d'être une mauvaise perdante et se plia donc aux conditions de Sakurako.
La blonde s'approcha calmement d'elle et s'assit brutalement sur un tonneau qui manqua de se renverser. A l'intérieur de la taverne on entendait des clameurs s'élever de plus en plus. La tension semblait avoir atteint son comble et la petite dispute semblait s'être transformée en bagarre générale.
Peu importe cela ne les concernaient pas ou plus,car désormais elles étaient à l'extérieur du conflit.
La blondinette,tout sourire, se tourna alors vers la hunter:

« Commençons par le commencement,vous voulez bien? Maintenant que vous savez qui je suis,il faudrait me dire qui vous êtes. Vous comprenez, j'aime bien savoir à qui je m'adresse. »

Elle bondit alors de son tonneau et vint se placer en face de son interlocutrice au cheveux sombres et azurés. Elle la regardait droit dans les yeux quand soudain,une table, oui une table entière vint fracasser la fenêtre juste à côté des deux demoiselles. Et bien à l'intérieur,il ne semblait pas y aller de main morte. Elle abandonna quelques instants la chasseuse pour constater l'état des lieux. Elle passa donc discrètement la tête dans l'ouverture béante, où se trouvait auparavant le carreau qui venait d'être fracasser. Mais au moment de retourner s'assoir,un projectile non identifié,provenant de l'intérieur, faillit heurter la tête de la jeune fille qui eut juste le temps de bouger pour l'éviter. L'objet vint finalement choir aux pieds de la blondinette. Elle se pencha et vit qu'il s'agissait d'un vieux gobelet. Elle le prit à pleine main avant de le relancer de toutes ses forces en hurlant:

« Mais ça va pas ou quoi ? Vous auriez pu blesser quelqu'un! Bande d'ivrognes, va! »

L'objet traversa une petite partie de la pièce avant de se loger pile poil entre les deux yeux d'un homme furieux. Il fusilla du regard la jeune fille et s'approcha de la fenêtre brisée. C'est fou mais il lui semblait l'avoir croisé il n'y a pas si longtemps que cela...même il y a quelques instants à une table de jeux. Pourquoi la malchance s'abattait-elle sur elle aujourd'hui ? L'homme furax sauta par la fenêtre et cria:

« Encore toi! Sale petite peste... j'ai un compte à régler avec toi. Tu vas voir! »

L'homme d'une carrure très imposante s'approcha de la jeune fille qui reculait petit à petit d'un air inquiet. Mais cela ne l'empêchait pas d'avoir la langue bien pendue:

« Si j'étais vous je ne ferais pas ça,croyez moi. J'ai un garde du corps attitré »

Elle s'arrêta et montra du doigt la hunter derrière elle.

« Elle vous a déjà mis à terre et peut recommencer quand elle veut. Elle possède une force surhumaine,c'est la hunter la plus forte et la plus crainte de tous les temps. Elle est l'alliée de la justice, la défenderesse de la veuve et l'orphelin, la pourfendeuse du mal. Je serais vous je ne ferais pas ça ! »

Bon il est vrai qu'elle avait un peu enjolivé la vérité,mais cela le calmerais peut-être qui sait. La blondinette profita d'un moment d'inattention de la brute pour venir se cacher derrière sa nouvelle protectrice. Sakurako la poussa délicatement du bout des doigt en lui murmurant doucement à l'oreille:

« Allez,Allez ... ne déshonnorez votre nouvelle réputation! Allez,frappez le... »

Décidément rien ne faisait honte à cette jeune fille sans gêne ...

« Pile je gagne et face vous perdez ! ». Normalement, c’est logique…Il suffit de faire en sorte de ne pas perdre…si on ne perds pas, elle ne gagne pas. Mais si elle gagne, on perd. Et qu’est-ce qu’il se passe si la pièce tombe sur la tranche par inadvertance ? Ca compte ou ça compte pas ? On doit compter les deux côté ? Non, ça c’est illogique ! Il doit y avoir un truc…rhaaa, c’est compliqué ces jeunes modernes ! Maya était en train de réfléchir à la solution, une main jouant avec quelques mèches de sa crinière, le petit doigt coincé entre ses lèvres. Les jeux de réflexions n’étaient pas son fort. Bon, de toute façon elle avait perdu, alors elle devez se plier aux exigences de cette fille !

Cette fille…elle avait quelque chose de particulier…on aurait dit une sorte de poupée, avec un visage à la peau magnifique, avec des cheveux trop parfaits pour être vrais et des yeux bleus…comme les siens ! Elle aurait pu se briser à tout moment…ou du mieux, c’était l’impression qu’elle dégageait ! Mais son caractère prouvait que c’était faux, qu’il ne fallait surtout pas s’inquiéter. Maya poussa un profond soupir et se décida enfin à honorer ses engagements.

« Appelles moi Maya…Maya Capuccine. »

Que dire d’autres ? Autant se contenter du minimum. La hunter allait tout de même ajouter un petit quelque chose en plus lorsque cette table de cantine fracassa la fenêtres, répandant un millier de petits bouts de verres coupant sur la tunique de Maya. Celle-ci ne bougea pas d’un pouce, nullement étonnée de ce phénomène si courant dans ce genre d’endroits. Seulement, l’instant d’après, l’homme qu’elle avait presque faillit assommer, tout à l’heure, refit brusquement surface, traversant la fenêtre et prêt à s’en prendre à la fillette. Il avait des compte à régler, c’était compréhensible. Maya ne lui accorda qu’un bref regard.

« Si j'étais vous je ne ferais pas ça,croyez moi. J'ai un garde du corps attitré »

Quelque chose tilta dans l’esprit de la hunter. Un garde du corps ? Qui ça ? Elle eut très vite sa réponse…et cela ne lui plu pas, mais alors pas du tout ! Les yeux éxorbités de stupeur et de colère, elle écouta la gamine débiter ses mensonges avec fierté, transformant Maya en véritable héroïne des pays des merveilles ! Alors celle-là allait passer un sale quart d’heure ! Déjà, le mauvais joueur, avec un sourire mesquin, avait sorti une dague tordu de la ceinture de son pantalon, la brandissant sournoisement sous son nez.

Mais au fait, précisons une chose ! Ce petit tilt, c’était la résolution du problème de la pièce ! Oui, elle avait compris pourquoi quelque chose clochait depuis tout à l’heure ! Au moment où le bonhomme se lançait sur elle, Maya arracha presque le couvercle de l’un des tonneaux éparpillés ça et là et l’écrasa sur la tête du pauvre gars. Assommé pour de bon, il se trouvait, l’instant d’après, dans sa nouvelle demeure : un tonneau de mauvais vin bien vide, les pieds dépassant de la porte. Il n’y avait plus qu’à remettre le couvercle et à l’envoyer au palais de la reine des cœurs ! Mais la hunter avait d’autres chats à fouetter ! Rendu furieuse par sa découverte, son épée retrouva vite sa place dans sa main droite, la pointe de l’arme pointée en direction de cette perturbatrice.

« Hey toi ! Tu t’es payée ma prune en fait ! Si tu gagnes, c’est comme si je perdais ! Et si je perdais, c’est comme si tu gagnais ! J’avais aucune chance en fait ! Tu as triché gamine, tu n’es pas honnête ! C’est…c’est…c’est pas bien ! »

Si elle avait été un grand costaud, elle l’aurait mise à terre avant de le massacrer ! Mais ce n’était pas le cas ! C’était une gamine, sans défense, avec un visage de poupée et au sourire malice. On ne frappe pas les enfants, c’est interdit. Avec un grognement rageur, la hunter rengaina son arme et flanqua un violent coup de pied au tonneau qui parti rejoindre l’intérieur de la taverne à travers la pièce pulvérisée. Ca fait mal de se rendre compte qu’on vient de se faire avoir en toute beauté ! En fait…c’est pour cela qu’elle riait, n’est-ce pas ?

(J'ai l'impression que c'est mauvais...promis, je vais vitre me rattraper :s)

[Mais qu'est-ce que tu racontes! >.< C'est très bien =) Enfin moi j'aime en tout cas...]


La chaleur étouffante commençait à disparaître à mesure que le soleil se couchait. Une légère brise rafraichissante vint caresser la nature et apaiser toute la population. Toute ? En soit cette information restait assez relative, car quelques irréductibles habitants du Pays des Merveilles résistaient encore et toujours à cet envahisseur pacifiste. Sakurako, toujours en retrait par rapport à la bagarre,regardait avec un certain amusement la pitoyable défaite de l'immense gaillard. La façon dont la hunter avait l'habitude de procédé était quelque peu,comment dire: expéditive. Si bien que l'homme se retrouva à moitié assommé dans un tonneau de vin vide.
Assise sur une imposante caisse en bois,la fille regardait d'un œil distrait la jeune femme rengainer son épée. Elle revint un peu plus attentive quand la chasseuse au cheveux bleus, s'adressa à elle. Comment avait-elle dit s'appeler déjà ? Maya, sans doute.

« Hey toi ! Tu t’es payée ma prune en fait ! Si tu gagnes, c’est comme si je perdais ! Et si je perdais, c’est comme si tu gagnais ! J’avais aucune chance en fait ! Tu as triché gamine, tu n’es pas honnête ! C’est…c’est…c’est pas bien ! »

La blondinette ne put s'empêcher d'éclater de rire. Enfin elle avait compris l'astuce,il était temps qu'elle se réveille. Toujours posté sur sa boîte,elle s'adressa à la hunter d'un ton moqueur:

« Et bien vous on peut dire que vous avez tout dans les muscles...faut dire que vous êtes pas très futée dans votre genre. La supercherie était quand même assez évidente,non? »

Elle fit une moue de déception,qu'elle accompagna ensuite d'un petit sourire espiègle.

« De toute façon vous avez parié et accepté les closes du contrat, non? Alors vous ne pouvez plus reculez ! Vous avez dit vous appelez Maya,c'est cela.. »

Maya comment déjà ? Elle réfléchit un instant et murmura doucement sans s'en apercevoir:

« Capuccine...se pourrait-il que ? »

La poupée blonde secoua énergiquement la tête de façon négative. Elle avait déjà entendu parler de ce nom. Oui,il y a de cela un bout de temps,de la bouche même, d'une personnalité très importante dans cet univers. C'était il y a environs un an voir plus. Sakurako se revoyait nettement dans cette petite maison. Dehors,un couché de soleil magnifique,qui éclairait depuis plusieurs heure la pièce d'une lumière chaleureuse rouge orangée. Plusieurs personnes étaient réunis dans un calme cérémonieux. Même la jeune fille d'habitude pleine d'entrain et bavarde se taisait respectueusement.
Une voix provenant de derrière un immense paravent se fit entendre. On distinguait l'ombre qui s'était arrêter de tisser:

« Que vas tu faire désormais Yuko ? Après tout elle est ta création et pourrait mettre en péril ta véritable nature de Descendant. Elle est bien trop imprévisible. Même toi tu ne peux la contrôler. »

Une très belle femme au charme envoutant et au long cheveux noir se mit debout pour aller s'assoir sur le rebord d'une des fenêtres,avant de répondre calmement:

« Je sais... »

Elle s'arrêta et amena son porte-cigarette jusqu'à sa bouche,avant de souffler une longue trainée de fumée opaque:

« Cette fille a du caractère. Elle n'est pas sortit de mon esprit pour rien. Le mieux serait de l'éloigner le plus loin possible. Je ne la retiendrais pas à la boutique,au contraire. »

Puis la sorcière émit un léger soupir. Sakurako prit ensuite la parole et s'adressa à Yuko:

« Comment s'appelle t-elle ? »

Sans même prendre la peine de la regarder,elle lui répondit:

« Elle dit s'appeler Maya...Maya Capuccine. »

Soudain,un bruit sourd provenant du bar ramena la jeune fille à la terne réalité,loin de ses souvenirs.
Elle se rappelait maintenant, elle devait l'éviter à tout prix: ordre du grand conseil,lui même. Elle se releva avec une expression bien différente de celle qu'elle avait pu avoir auparavant. Désormais elle semblait figée et froide, à mille lieux de son image enjouée et moqueuse. Elle s'adressa à la jeune femme d'un ton impassible:

« Désolée de vous avoir causé tous ces problèmes...ce n'était pas mon intention. Ravie de vous avoir rencontré. »

Puis elle se contenta de s'éloigner. Mais au moment de partir,elle s'aperçut qu'il lui manquait une chose: son sac était toujours à l'intérieur de la taverne. Le sort s'acharnait. Fallait-il réellement qu'elle remette les pieds dans cette zone de non lieu ?

Que faisait une souris sur le haut d’un toit ? Ce n’était pas un nid de rongeur par ici ! Mais cette taverne était si réputée pour le grabuge qu’il se passait à l’intérieur que même les rats n’osaient pas s’y aventurer, préférant grappiller quelques morceaux de nourritures qui restaient parfois collé au plafond à cause des assiettes volantes. L’adorable petit mangeur de vers trottina tranquillement le long des tuiles, atteignant la cheminée vers laquelle fumée une délicieuse odeur de poisson brûlée mélangée à de la bouillit indescriptible. Cette arôme délicate lui mit l’eau à la bouche…c’est qu’il avait faim le petit animal ! Seulement, quelque chose de terrifiant apparu juste sous son nez : la tête d’un soudard coincée au-dessus de la cheminée, à laquelle il y avait une dent. Le corps qui se trouvait apparemment accroché à la tête essayait tant bien que mal de se dégager de sa prison. Le rongeur s’enfuit aussitôt à toute patte, se promettant de ne plus jamais revenir dans cet asile de fou.

Un asile de fous pour des fous…Cela voulait donc dire que Maya, dans un certain sens, était une cinglée ? Oui et non…elle ne faisait pas partie de ces dégénérés brutaux qui passaient leur temps à se taper dessus, mais il fallait avoir un courage pour venir mendier quelques contrats dans un taudis pareil. Alors en plus d’être folle, elle était, paraît-il, pas très futée ? De mieux en mieux…d’accords, elle n’était pas douée pour la réflexion, mais de là à dire qu’elle n’était pas futée, il y avait une marge ! Les bras croisés sur son ventre, la tête tournée sur le côté et le visage à moitié caché par sa tignasse bleue, la hunter tirait une tête de mauvaise perdante. Ouais, elle devait l’admettre, elle s’était bien faite rouler dans la farine ! Et le pire, c’était qu’elle n’avait qu’une parole !

« Ouais, j’ai accepté…alors dépêche toi, je ne vais pas y passer ma vie ! »

Cette Sakurako n’était pas normale. Depuis quand pouvait-on s’interesser à la vie d’une hunter ? Non, elle n’était pas anormale, ce n’était qu’une enfant. Une adolescente, pour être plus précise ! Le fait qu’elle soit curieuse coïncidait bien son age…16 ans ? 15 ans ? Pas plus et pas moins en tout cas !

« Alors ? Ta question ? Elle vient oui ou non ! »

Mais elle ne vint pas ! Le regard de la blondinette changea du tout au tout. Alors qu’il avait été rieur, malicieux et un tantinet coquet, il était devenue froid, distant avec un brin d’inquiétude. Et sa voix…ce qu’elle fit fut comme un choc.

« Désolée de vous avoir causé tous ces problèmes...ce n'était pas mon intention. Ravie de vous avoir rencontré. »

Avait-elle dit quelque chose de mal ? Pourquoi cette attitude ? Voilà maintenant qu’elle allait partir, sans rien dire. Normallement, cela était censé faire plaisir à Maya. Alors pourquoi était-elle stupéfaite ? Pourquoi se sentait-elle blessée au plus profond d’elle-même ? Mais c’était ça…quand on avait pas de demande à faire, on essayait d’éviter les hunters le plus possible, comme s’il portait la poisse et la peste. La stupéfaction laissa très vite place à une horrible colère. Pas celles qui éclataient d’un coup, comme ça…non, les plus silencieuses, qui restent encrées dans l’âme et qui font réellement mal.

« Très bien ! Bonne journée, Sakurako ! Et ne recroise plus jamais ma route ! »

Et sans un mot de plus, la hunter se leva, renversant du même coup la caisse où elle s’était assise, et se dirigea à grandes enjambées vers la porte de la taverne qu’elle ouvrit d’un coup de pied. A l’intérieur, un véritable chaos quotidien où l’on se fracassait la machoire dans la joie et la bonne humeur. Un type court sur pattes vola même au-dessus de sa tête pour venir attérir sur les genoux d’une grande dame, dont le voisin n’était autre que le fameux lapin blanc, une tasse de thé à la patte. La joyeuse ambiance semblait l’indifférer complètement…mais il se leva bien vite après avoir jeté un coup d’œil à sa montre à gousset, prétextant être de nouveau en retard, comme toujours.

Maya s’installa à une table éloignée, sans savoir ce qu’elle allait bien pouvoir ici. Pas d’argent, pas de type interessé pour quelques contrats, pas d’humeur…elle n’avait plus qu’à noyer sa colère dans l’ennuie. Mais il n’y avait pas que de la colère, il y avait aussi…de la tristesse ? Elle ne savait pas trop.

Personne ne s’était jamais réellement interessée à elle et personne n’avait parlé d’elle comme d’une sauveuse ou d’une héroïne. Même, personne ne l’avait jamais réellement remercié. Cette fille, cette Sakurako, où vivait-elle ? Que faisait-elle par ici ? Comment faisait-elle pour être aussi joyeuse alors que Maya tirait grise mine à longueur de journée ? Pourquoi s’était-elle réellement interessée à elle ? Mais bon, ce n’était plus la peine d’y penser…maintenant, elle avait décidé de l’esquiver et c’était tant mieux !

Un type s’écrasa sur la table de la hunter avant de se relever prestemment, prêt à repartir pour la bagarre. Mais ce n’est pas ça qui captiva son attention. Le mauvais joueur, celui qui s’était déjà pris deux prunes de la même main, tentait de se frayer un chemin à travers ce chaos humain, un sac sur l’épaule. Elle avait déjà vu ce sac quelque part…c’était peut-être un voleur. Et le propriétaire du sac aimerait certainement le récupérer. Il pourrait même être assez généreux pour offrir une récompense ! Mais elle avait l’impression de savoir à qui appartenait le bagage.

Lorsque le malhonnête pu enfin sortir de la marée humaine et s’enfuir de la taverne, Maya se leva à son tour, prête à le suivre à distance. En arriver à là pour se faire de l’argent…De toute façon, elle n’était plus du tout d’humeur !

Un long soupir d'exaspération, un seul et grand sentiment de désespoir . Voilà l'état d'esprit de la jeune fille postée,debout devant la brasserie. Les bras croisés sur la poitrine,elle réfléchissait. Elle construisait un plan minutieux pour entrer dans la taverne sans se faire écraser,projeter, tabasser. En un mot sans se faire tuer. En plus le temps la pressait: elle aurait bien voulut se sortir de ce pétrin avant la tombée de la nuit et cela n'allait pas tardé. La jeune fille essayait vainement de s'encourager mais rien n'y faisait,elle restait planté bêtement à quelques mètres de l'établissement,sans pouvoir bouger. Pourquoi ? Ce n'était pas tous ces ivrognes ni ces bagarreur qui lui faisaient peur...non, c'était quelqu'un d'autre, cette personne qu'elle n'avait le droit de rencontrer sous aucun prétexte. Et bien cette même personne était présente dans le bar et semblait plutôt remontée contre elle. Du moins c'est ce que Sakurako avait cru comprendre lorsqu'elles se sont quittés,il y avait déjà quelques instants maintenant. Tant pis il fallait qu'elle retrouve ces affaires et vite! Elle passerait inaperçue pour une fois, même si la discrétion ne faisait pas parti intégrante de ses principes. Elle s'approcha lentement de la porte d'entrée,d'où provenait une cacophonie infernale:un mélange de discussion,de cris,de rires,de coups, de vaisselles cassées. La blondinette arriva à l'orée de la porte quand un lapin blanc de la grandeur d'un homme la bouscula en criant:

« En retard! En retard! Je n'ai pas le temps de dire au revoir ! Il est déjà moins le quart! J'ai rendez vous quelque part! »

Il brandissait comme une idole une montre à gousset dorée qui brillait comme un éclat de soleil. La jeune fille faillit tomber à la renverse quand la créature pressée se rua sur elle. Quelle impolitesse,il ne s'est même pas excuser. Malgré cela la fillette semblait amusée par son attitude car même dans la précipitation il arrivait à faire des rimes. Drôle de personnage,n'est-ce pas? Après cet intermède Sakurako se remit en route,mais elle n'eut pas le temps de passer le seuil de la taverne qu'un homme la renversa. La blonde se retrouva par terre, ses vêtement trainant dans la poussière. Encore lui! C'est pas vrai... mais ce mauvais joueur lui en voulait ou quoi. Elle le regarda s'enfuir à toutes jambes,un joli sac sur le dos. Oui,un très joli sac...la jeune fille se surpris même à penser: « J'aime beaucoup ce sac...j'aimerais bien en avoir un comme celui-là. Mais attend une seconde...j'en ais un comme ça ! Mais...mais c'est mon sac !Espèce de sale voleur... »

La jeune fille allait se relever quand un éclair bleu lui marcha littéralement dessus sans lui prêter une quelconque attention. Mais elle n'était pas transparente tout de même. C'était la meilleur! Qui était cette personne à la crinière bleue qui avait osé faire ça. Elle se frotta les yeux comme pour mieux apercevoir la scène. Oh,non...pourquoi attirait-elle la malchance sans arrêt ? Pourquoi la seule personne partie pour arrêter le voleur était la seule personne dans le pays des Merveilles qu'elle n'avait pas le droit de côtoyer ? La petite poupée,dépitée, n'avait plus la force de se relever. Elle se contenta donc de se pousser de l'entrée de la taverne et rampa jusqu'à un mur où elle s'adossa tranquillement en attendant que les événements se tassent.

Quelques minutes plus tard elle vit revenir la hunter, son trophée à la main. Au moins elle avait récupérée son sac. Sakurako vit Maya se diriger vers l'entrée de la taverne; Elle allait renter dans le bar sans remarquer sa présence quand la blondinette l'interpella :

« Hey! Toi là...oui toi la chasseuse. Je suis là ! Non pas de ce côté! Ici...non pas là,baisse la tête...voilà. Coucou, c'est encore moi...je crois que cela m'appartiens. Tu veux bien me le rendre? »

Elle avait oublié toute les formes de respect et de politesse du début. Mais peu importe. Elle était bien trop las pour ce genre de préciosités. La jeune fille soupira. La négociation allait sans doute s'avérer plus ardue que cela...

Il ne lui avait pas fallu longtemps avant de se rendre compte qu’il était suivit. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se rendit également compte que son poursuivant était une très bonne connaissance. Le sac à l’épaule, il poussa un juron avant de dégainer sa ridicule petite dague. C’était à se demander si elle n’avait pas servi à curer des dents et des ongles, auparavant. Evidemment, cela ne dura que quelques secondes avant que le bonhomme ne se retrouve épingle à un air arbre par sa propre dague plantée sur sa capuche. Néanmoins, cela avait valu à Maya une profonde égratignure au niveau de la joue droite, tandis que son fluide vital s’écoulait comme de l’eau sur sa peau. Mais qu’importe ! Elle n’était pas d’humeur à se plaindre pour un minable petit bobo ! De retour à la taverne, prête à échanger son trophée contre une modeste somme d’argent, une petite voix l’interpella…une voix qu’elle ne connaissait maintenant que trop bien !

« Hey! Toi là...oui toi la chasseuse. Je suis là ! Non pas de ce côté! Ici...non pas là,baisse la tête...voilà. Coucou, c'est encore moi...je crois que cela m'appartiens. Tu veux bien me le rendre? »

C’était cela qu’on appellait la malchance ? Les nuages cachèrent le soleil brûlant l’espace d’un instant, tandis qu’une ombre passa dans le regard de la hunter. Le sel de la sueur se mélangea au sang de sa coupure. C’était désagréable comme sensation. Alors comme ça, le sac appartenait à cette impertinente blondinette sûrement fauchée ? Elle n’avait plus envie de lui adresser la parole. La façon dont elle l’avait traité il y a de cela plusieurs minutes était très mal passée dans l’esprit de Maya Capuccine, la hunter au sang bouillant. Elle n’avait qu’une envie, c’était de réduire ce sac en un tas de chiffon informe, par pure vengeance, mais elle préferait être plus maligne…elle avait le dessus de la situation !

« C’est drôle, je ne suis plus l’héroïne, la sauveuse ou je sais pas trop quoi ? J’ai pas vraiment envie de te le rendre maintenant ! À moins que… »

Et l’étrange femme fit mime de réfléchir, le sac par-dessus son épaule et une main sur le pommeau de son épée au fourreau. En vérité, elle avait déjà trouvé une vengeance qui serait parfaite pour cette éffrontée ! Oh, elle pouvait la regarder avec cet air impoli, cela ne changerait rien ! Un sourire niais apparu sur le visage de la jeune femme qui épongea le sang de son front lorsque celui-ci atteignit ses sourcils.

« Ton truc à toi c’est les jeux, pas vrai ? La ruse et la tricherie même ? Eh bien moi, je te proposes quelque chose de plus honnête : le marchandage ! Par contre je n’ai qu’un seul prix à te proposer ! Refuses le, et je vends tes affaires au plus offrant…s’il a un minimum de valeur ! »

La valeur des sacs de fillettes, Maya ni connaissait pas grand chose…mais cela lui ferait énormement de bien d’agacer la blondinette et de la mettre hors d’elle, de lui rendre la monnaie de sa…pièce ? Oh, le joli jeu de mot ! Et elle ne l’avait pas fait exprès ! Elle faillit glousser stupidement, une main devant la bouche.

« Tu va déjà me dire pourquoi tu m’as tiré une pareille tête tout à l’heure et pourquoi tu m’as laché aussi salement ! Après tu va me dire ce que tu faisais dans un endroit pareil, j’aime bien connaître l’emploi du temps des personnes avec qui je fais des affaires ! »

Rancunière ? Seulement un peu…Mais la rancune pouvait beaucoup soulager. La preuve en direct chez Maya Capuccine qui s’était tranquillement appuyée sur le mur de la taverne, le sentant trembler à cause du chahut qui se déroulait encore à l’intérieur. Avec ce soleil et sa « blessure », elle commençait un peu à avoir la tête qui tourne. Ou bien c’était la joie de la vengeance ! Peut-être les deux.

Un interrogatoire ? De mieux en mieux. Cette journée ne pouvait pas être aussi catastrophique que cela. Décidément, le mauvais sort s'acharnait sur tout le monde aujourd'hui. La jeune fille soupira. Une légère brise fraîche vint balayer avec douceur son visage, tout en soulevant délicatement ses bouclettes blondes. La fillette prit appuie sur un de ses genoux et se releva soudainement pour faire face à la hunter. Par ailleurs cette dernière semblait profiter un maximum de sa supériorité. Une sorte de jouissance extrême se dessinait sur son visage. L'heure de la vengeance avait sonné. Maintenant,il fallait faire front: les dés étaient jetés. Mais qui a dit qu'ils n'étaient pas pipés ? La blondinette avait plus d'un tour dans son sac...enfin façon de parler car encore fallait-il qu'elle le récupère. Elle regarda la femme a la crinière bleue avec un air renfrogné et surtout faussement embarrassé. Elle la laissait silencieusement déblatérer ses désir tordus de vengeance, elle interviendrait au moment venu. Il fallait qu'elle soit en confiance,qu'elle croit jusqu'au bout à sa puissante suprématie. Et pour l'instant on devait avouer que cela fonctionnait à ravir. Sakurako attendait la fin de son discours les yeux fixé sur le sang qui coulait de la joue de la jeune femme: ce type avait donc réussit à la toucher ? Pas si invulnérable,après tout elle est faite de chair et de sang. Juste une mortelle parmi tant d'autres. Après cette brève réflexion la blonde s'adressa à elle sur un ton de défi:

« Premièrement je tiens à remettre les pendules à l'heure. Soit dit en passant dommage que le Lapin Blanc ne soit pas présent: c'est sa spécialité! Je disait donc que je ne triche jamais,une simple question de chance ma chère...est-ce vraiment de ma faute si j'ai beaucoup de chance au jeu ? Bon passons sur ce sujet. Ensuite si j'ai tiré une tête pareille tout à l'heure,comme vous le dites si bien c'est que je me suis rendu compte que m'adressez à une étrangère aussi violente que vous n'était pas un acte mature mais plutôt une énorme marque d'inconscience. Vous avouerez qu'une jeune fille pure de seize ans ne devrait pas fréquenter une brute comme vous. Et pour terminer je suis ici seulement pour me désaltérer après une longue et fatigante journée de livraison. Car moi,madame, j'ai un métier tout à fait normal: je suis coursière. Je gagne ma vie honnêtement et simplement,c'est tout. »

Elle termina sa phrase d'un ton sec en donnant l'impression d'avoir clamer des faits irrévocables.

Mais bien sûr tout n'était que mensonges,tromperies et supercheries. Elle excellait dans l'art et la manière de duper son prochain. Bon, bien entendu tout n'était pas qu'inventions,elle était bel et bien livreuse et était arrivée ici pour se détendre mais le reste...cela restait à prouver. Avant même que la hunter ait pu ouvrir la bouche,la blondinette s'empressa d'ajouter :

« Bon j'espère que vous n'avez pas d'autres questions à me poser. Je suppose que vous n'allez pas me rendre mon sac non plus. Nous sommes donc coincée toute les deux ici sur le porche de cette taverne miteuse à se disputer un sac! Ô joie,comble du bonheur et de la chance! Qu'ai-je fait pour mériter cela...moi pauvre fille du peuple qui n'a jamais rien demander à personne. La vie est donc cruelle avec les gens qui n'ont rien. »

Elle feignait avec une certaine habilité une grande détresse. Elle n'avait rien trouvé de mieux que le registre pathétique. La pitié était une des cartes maîtresse de son jeu. Utilisé à bon escient, elle devenait le remède miracle à tous ses problèmes. D'ailleurs, en y repensant, elle s'était quasiment toujours sortie de ses mésaventure en jouant le rôle de la pauvre petite fille démunie. Pourquoi changer une équipe qui gagne? Une effet scénique ne serait d'ailleurs pas en trop pour cette fois-ci.

Sakurako mit sa main sur son front, d'un air affaiblit et accablé par la fatigue. Elle fit semblant de tomber et de se soutenir contre le mur, en se laissant glisser doucement contre celui. Une fois à terre elle simula une lente agonie en s'écriant:

« Non,ça y'est je défaille, ma tête tourne, j'ai l'impression que mon heure est venue...je sens mes forces me quitter petit à petit...je ...je. Non! Maintenant je suffoque. Quelle est cette lumière blanche au bout du tunnel...un chant mélodieux qui m'appelle. Vous aussi vous l'entendez ? J'ai grandement besoin de votre aide ...par pitié...aah je meurt! »

Une véritable héroïne de tragédie. Une parfaite comédienne. Elle commença à tousser,comme si elle crachait ses poumons par terre. Elle ferma les yeux quelques instant en restant inerte sur le sol. Puis commença à jouer la personne prise de convulsions. Elle s'arrêta, fit semblant d'être essouffler et murmura dans un léger soupir de déclin:

« Aidez-moi...j'ai tellement soif ... »

Sakurako resta quelques instant la bouche grande ouverte,comme un oisillon attendant la becquée. Bon il est vrai qu' elle en faisait trop mais dans l'ensemble tout cela semblait très réaliste et puis la jeune femme aux cheveux bleus avait montré son côté naïf au paravent . Elle ne serait sûrement pas si dure que cela à convaincre.